Portrait MOF Nicolas Steinmetz : « je voulais savoir si j’étais capable de le faire »
Voici la quatrième interview de notre série de rencontres avec les lauréats de la spécialité « couvreur-ornemaniste ». N’oubliez pas que nous publions une entrevue chaque vendredi jusqu’à ce que les six gagnants soient complets.
Depuis bientôt 100 ans, le titre de Meilleur Ouvrier de France est décerné à des professionnels maîtrisant des savoir-faire variés, dans les domaines du bâtiment, du luxe, de l’industrie ou encore de la cuisine. Cette année 6 lauréats ont été admis dans la spécialité « couvreur-ornemaniste ».
Rencontre avec l’un d’eux : Nicolas Steinmetz, couvreur originaire d’Alsace.
CUPA PIZARRAS – Pourquoi tenter le concours MOF ?
Nicolas Steinmetz – On sait que ce concours est particulièrement difficile, c’est ce qu’il y a de plus complexe. Parfois j’entends les gens dirent que c’est pour se comparer aux autres. Ce n’était pas du tout mon cas, je voulais surtout savoir si j’étais capable de le faire. L’objectif est de se dépasser, se remettre en question mais aussi tenter quelque chose de différent car avec la réalisation de la maquette, on va au-delà de notre métier, on pousse très loin. C’était cela le véritable challenge pour moi.
CP – Pourquoi tenter le concours MOF ?
NS – C’était une maquette toute en courbe, intégrant presque tous les matériaux de couverture. Nous devions réaliser un pan de toiture cintré en cuivre, en joint debout avec une lucarne en demi-cintre, comprenant à l’égout un entablement et une gouttière à l’anglaise
Ensuite il y avait 2 bardages, d’un côté en essence de bois, de l’autre côté en zinc. Sur la dernière face nous devions exécuter un chéneau en plomb, une tourelle en ardoise et un comble à l’impériale couvert de tuiles plates. Certaines parties sont imposées et d’autres laissées à l’inspiration du candidat, ainsi toutes les maquettes sont différentes. De mon côté j’ai choisi le châtaignier comme essence pour le bardage bois, j’ai également décidé de traiter le faîtage en inox. Pour le bardage en zinc, j’ai créé un jeu de couleurs avec des cassettes dorées et noir. Je voulais reproduire sur la maquette ce qui peut se faire sur un chantier, sans entrer dans des détails trop fantaisistes, mais en même temps il faut tout complexifier !
CP – Comment tenir le rythme de cette année infernale ?
NS – Le concours se vit comme un marathon, et pas une course de sprint. Il m’a fallu 1 200h pour exécuter cette maquette, tout en continuant mon activité professionnelle en parallèle. Cela signifie qu’on travaille le soir, en rentrant du chantier, mais aussi les week-end. Il faut beaucoup d’énergie et de force psychologique pour tenir sur la durée. Les dernières semaines, j’ai parfois travaillé jusqu’à 3-4h du matin pour terminer dans les temps !
CP – Qu’attendez-vous de ce titre pour la suite de votre carrière ?
NS – Tout au long de mon parcours, j’ai rencontré des personnes passionnées qui m’ont donné l’amour du métier. A mon tour j’ai envie de transmettre et ce titre me permet de valoriser ce savoir-faire. De plus, j’espère pouvoir accéder au sein de mon entreprise à des chantiers prestigieux qui me permettront d’exercer mes compétences.
Ceci est la quatrième entrevue de la série des portraits MOF. Nous en publierons une nouvelle chaque vendredi. Restez attentifs !
* Propos recueillis par Orianne Masse