Portrait MOF – Baptiste Petit : « un véritable marathon »
Depuis bientôt 100 ans, le titre de Meilleur Ouvrier de France est décerné à des professionnels aux savoir-faire variés, dans les domaines du bâtiment, du luxe, de l’industrie ou encore de la cuisine. Organisé tous les 3 ou 4 ans, ce concours est aujourd’hui certifié de niveau 5 soit un bac+2.
Rencontre avec l’un des lauréats de la 27ème édition : Baptiste Petit, compagnon-couvreur originaire de Soissons, aujourd’hui formateur à Lille.
CUPA PIZARRAS – Pourquoi tenter le concours MOF ?
Baptiste Petit – Je voulais savoir où j’en étais dans ma progression et mon niveau technique, c’est un véritable challenge personnel.
CP – En tant que formateur, comment cela a orienté votre réalisation ?
BP – Mon métier de formateur m’a particulièrement été utile pour la partie normes et règlementations. En effet, même s’il s’agit d’un échantillon de couverture, tout doit être étanche. Nous devons l’argumenter par un mémoire technique, rendu avec la maquette. Ce dossier contient les étapes de réalisation et les justifications règlementaires en utilisant les DTU (Documents Techniques Unifiés) et les avis techniques des fabricants, etc. C’est un travail de recherche particulièrement dense, mais par mon métier, j’avais l’avantage de savoir où trouver les informations.
Ensuite, c’était aussi la première fois que j’utilisais le bardeau de châtaignier, et j’ai pris beaucoup de plaisir à travailler ce matériau.
Il y avait un tableau blanc dans l’atelier et je m’en suis beaucoup servi pour faire des croquis et des projections, cela permet d’anticiper les détails.
CP – Comment tenir le rythme de cette année infernale ?
BP – J’ai eu la chance de vivre cette aventure avec Camille Jacquot (également lauréat) qui était formateur comme moi dans le même centre de formation. Nous avons travaillé côte à côte, dans le même atelier, sans jamais s’influencer dans nos méthodes et nos choix techniques. Pour le moral, c’était particulièrement positif par rapport aux autres candidats qui étaient seuls.
Pour tenir sur la durée, j’ai aussi choisi de garder mes dimanches pour privilégier ma santé car à côté on a tous un travail qu’il faut tenir ! C’est un véritable marathon, pas une simple course et il faut savoir s’économiser pour ne pas s’épuiser.
Une fois terminée, la maquette tient dans un carré d’environ 1,80m * 1,80m pour près de 2 m de hauteur. Elle pèse environ 800 kg.
CP – Qu’attendez-vous de ce titre pour la suite de votre carrière ?
BP – Je souhaite poursuivre mon travail de formateur, c’était surtout un challenge personnel. Ce titre pourra devenir plus tard un atout supplémentaire quand je voudrais monter mon entreprise.
Je pense que ma participation à ce concours a aussi donné envie à certains jeunes de continuer leur apprentissage du métier.
Voir les différentes mises en œuvre sur la maquette, la variété des matériaux, peut donner envie à certains de voyager, de voir ailleurs comment on travaille et de pousser techniquement leur pratique.
Par cette expérience, j’aimerais aussi leur inculquer de ne pas se limiter à ce qu’on voit tous les jours, à se dépasser.
Ceci est la deuxième entrevue de la série des portraits MOF. Nous en publierons une nouvelle chaque vendredi. Restez attentifs !
* Propos recueillis par Orianne Masse