Portrait MOF – Julien Langlois : « les MOF me faisaient rêver »
Depuis bientôt 100 ans, le titre de Meilleur Ouvrier de France (MOF) est décerné à des professionnels aux savoir-faire variés, dans les domaines du bâtiment, du luxe, de l’industrie ou encore de la cuisine. Pour s’inscrire en spécialité « couverture-ornemaniste métallique », il faut justifier de 10 ans d’expérience dans le métier.
Rencontre avec l’un des 6 lauréats de cette catégorie : Julien Langlois, compagnon couvreur et formateur en CFA.
CUPA PIZARRAS – Quel est votre parcours ?
Julien Langlois –A 15 ans, j’étais en décrochage scolaire. J’ai suivi un camarade qui était en apprentissage couverture et cette expérience m’a convaincue ! J’ai continué en intégrant les Compagnons du Devoir, j’ai accompli mon Tour de France puis j’ai été embauché dans une entreprise parisienne. J’ai croisé de nombreux MOF au fil des années, ils me faisaient rêver.
Je manquais de nouveaux projets : comme un défi, mon patron m’a dit pourquoi pas le concours MOF ? Et je me suis inscrit.
CP – Comment avez-vous organisé votre travail sur la maquette ?
JL – J’ai commencé par une analyse du sujet : retracer la maquette sur un logiciel de dessin, tout décortiquer pour débuter ma réflexion. Aujourd’hui quand je regarde ma maquette achevée, elle est exactement telle que je l’imaginais.
J’ai amorcé la réalisation par ce que je connaissais bien et qui me semblait le plus évident -le plomb- la tuile et l’ardoise – et j’ai gardé le bardage en zinc pour la fin, pour avoir le temps d’y réfléchir, car on pense à la maquette nuit et jour… Tous les raccords sont compliqués mais celui de la fin est particulièrement complexe car on est à bout de force.
CP – Comment tenir le rythme de cette année infernale ?
JL – Ce fut une année difficile pour moi mais aussi pour mes proches ! Et en même temps, c’est ma famille et mes amis qui m’ont soutenu : un parrain et quelques collègues ont toujours été présents à mes côtés pour me conforter notamment dans mes choix techniques. Quelques apprentis du CFA suivaient également avec intérêt l’avancée de la maquette. Cela m’a bien stimulé !
Toute l’année, on fait, on défait, on refait pour viser l’excellence, cela m’a imposé un rythme très soutenu.
CP – Comment envisagez-vous la suite de votre carrière ?
JL – Depuis deux ans je suis formateur en CFA, c’est un métier qui me passionne. Je rencontre des jeunes tous les jours. Je leur apprends mon savoir-faire, ils réalisent des ouvrages qui les rendent fiers d’eux ! Une fierté partagée !
Je repense à mon professeur de collège qui, un jour, m’avait dit : ” vu ton niveau scolaire, tu finiras par casser des cailloux ». Aujourd’hui je voudrais lui répondre que c’est effectivement mon métier, je taille des cailloux, mais je le fais avec passion.
C’est grâce à toutes mes rencontres, mon parcours et ma motivation qu’aujourd’hui je suis l’un des Meilleurs Ouvriers de France.
Nous entamons aujourd’hui le premier entretien d’une série captivante de six. Au cours des prochaines semaines, nous vous invitons à plonger dans l’univers des portraits MOF. Restez à l’écoute !!
* Propos recueillis par Orianne Masse