Quels sont les gisements d’ardoise les plus importants du monde ?
Je vais parler aujourd’hui des principaux gisements d’ardoises pour toiture existant dans le monde, leurs caractéristiques et leur importance historique. Avant toute chose, j’aimerais rappeler rapidement la différence existante entre une ardoise et une ardoise pour toiture.
La première est un type de roche relativement commun dans l’écorce terrestre. D’un point de vue géologique, elle se définit comme une roche à grain très fin, avec une structure d’origine métamorphique dénommée schistosité permettant de l’ouvrir en dalles d’épaisseur variable.
Pour sa part, l’ardoise pour toiture est une roche d’origine métamorphique qui peut être ouverte en fines feuilles qui servent de matériau pour toiture et couverture. Nous pouvons trouver plusieurs types de roche sous cette dénomination : métalutites, ardoises stricto sensu, filites ou micaschistes.
Toutes les ardoises ne sont pas appropriées à une utilisation en couverture et toutes les ardoises pour toiture ne sont pas strictement des ardoises.
Une fois ce point éclairci, nous allons voir comment elles se répartissent dans le monde. Aujourd’hui, les principaux gisements se trouvent dans le Nord-ouest de l’Espagne, entre les provinces d’Orense et León. Il en existe différentes variétés mais toutes partagent une nuance de couleur qui oscille entre le noir bleuté et le gris, une texture oscillante entre rugueuse (pour les ardoises grises) et lisse (pour les ardoises noires) et une grande capacité d’exfoliation qui permet d’obtenir des épaisseurs comprises entre 3 et 8 millimètres.
Cette ardoise pour toiture est similaire à celle qui était extraite historiquement en France et en Allemagne, des pays à la longue tradition ardoisière mais dont les carrières sont épuisées depuis des années. Près de 80% des ardoises pour toiture qui sont vendus dans le monde proviennent d’ici. En Espagne, il existe également deux gisements de petite taille qui produisent des filites, de couleur verte et grise (Bretoña, Lugo) et de couleur grise (Bernardos, Segovia).
Dans le reste de l’Europe, il y eut d’importants gisements au Pays de Galles, en France, en Allemagne, en Italie et en République Tchèque mais ils sont aujourd’hui épuisés, il ne subsiste plus qu’une activité résiduelle principalement au Pays de Galles où on extrait des ardoises aux colorations violettes-vertes et grises.
Dans le nord de l’Italie, la serpentine verte est très populaire, cette roche à la texture rugueuse exfoliée en gros blocs est très appréciée dans les zones de haute montagne des deux côtés de la frontière italo-suisse. En Scandinavie, on extrait des micaschistes et quartzites gris et verts de roches épaisses et rugueuses.
Hors d’Europe, on trouve des gisements importants aux États-Unis (Vermont, New York et Pennsylvanie) où sont extraites des ardoises de couleur noire, violette, verte et rouge. Les gisements américains sont de petite taille en comparaison des gisements espagnols, l’ardoise est extraite en utilisant des explosifs au lieu du fil de diamant. Cela réduit le ratio d’exploitation des gisements.
Au Canada, on trouve le gisement de Saint-Marc-du-Lac-Long, au Québec qui produit une ardoise noire et lisse. Cette carrière utilise le fil de diamant et a une production supérieure à celle des autres carrières du continent nord-américain.
En Amérique du Sud, nous trouvons les gisements de Minas Gerais, au Brésil. On produit ici un type spécial d’ardoise pour toiture car la roche en soi n’est pas de l’ardoise d’un point de vue géologique mais de la métalutite, une roche possédant un degré métamorphique inférieur à celui de l’ardoise. Il est facile de la distinguer de l’ardoise, elle a un aspect mat, sans brin ou fil à sa surface et sa coupe n’est pas aussi droite et propre que celle de l’ardoise. On l’extrait principalement dans les couleurs grises et vertes. L’Argentine compte une carrière de filite verte similaire à celles du nord de l’Espagne.
L’Asie compte deux pays ayant le potentiel pour produire de l’ardoise mais qui n’ont pas encore décollé, l’Inde et la Chine. Ces deux pays possèdent une grande variété de roches, il est ainsi parfois difficile de comprendre ce qu’ils produisent réellement. Chaque palette peut être une surprise. En outre, leur industrie ardoisière est encore naissante, les processus de fabrication et de contrôle de qualité laissent beaucoup à désirer. L’Inde présente le problème supplémentaire du recours à la main d’œuvre infantile.
On peut voir sur la carte ci-jointe que j’actualise régulièrement depuis plusieurs années les principaux gisements d’ardoise pour toiture ainsi que l’explication du Classement International des Ardoises pour Toiture établie en 2016.
Les gisements actifs sont indiqués par un carré tandis que les gisements épuisés sont signalés par un octogone. On peut voir que le plus grand volume de gisements se concentre en Europe, berceau de la tradition ardoisière. Dans le reste du monde, les gisements ont été ouverts par des immigrants européens (E-U, Canada, Australie) pour l’approvisionnement de leur propre pays ou comme fournisseurs du marché européen (Brésil, Chine, Inde).
Aujourd’hui, l’industrie espagnole de l’ardoise pour toiture est en pointe au niveau mondial, tant en fabrication et qualité du produit qu’en termes de service. On peut trouver des pays produisant des ardoises similaires aux ardoises espagnoles à un prix inférieur mais toujours au détriment de la qualité. Un élément du bâtiment aussi important que la couverture doit disposer du meilleur matériau possible. Et, plus important encore, ce qui fait une bonne ardoise n’est pas seulement sa qualité propre mais la qualité de l’entreprise qui est derrière.
Cet article fait partie d’une série écrite par Víctor Cárdenes Van den Eynde. Vous pouvez trouver plus d’articles sur notre blog. Pour regarder le processus de production de l’ardoise, ne manquez pas cette vidéo.