Restauration colossale et virtuose de la cathédrale de Liège
- Architecte : Yves Jacques et Xavier Tonon, Architectes Associés s.a.
- Maîtrise d’ouvrage : Fabrique d’église de la Cathédrale Saint-Paul
- Pouvoir subsidiant : Région Wallonne (AWaP Agence Wallonne pour le Patrimoine).
- Entreprise : Toiture Lefin (charpente et couverture)
- Montant des travaux : lot charpente, 820 000 € HT + lot couverture 1 150 100 € HT
- Produit : CUPA 4 Patrimoine 5 mm
Pouvez-vous nous présenter cette opération pluriannuelle ?
– Xavier Tonon : Le chantier de restauration des structures extérieures de la cathédrale Saint-Paul de Liège s’est ouvert en septembre 2016. Grâce à un échafaudage parapluie, l’entreprise Lefin Toiture a entièrement déposé la couverture en ardoise et commencé la consolidation de la charpente, datant pour ces parties les plus anciennes de 1230.
L’édifice a été profondément modifié au XIXème siècle par l’architecte Jean-Charles Delsaux, inspiré par les théories de Viollet-le-Duc. La mise en place de balustrades ouvragées couronnant les murs gouttereaux a entrainé la réalisation d’un mur en briques pour le soutenir, venu emprisonné les extrémités des charpentes, qui depuis se dégradent au contact de l’humidité.
– Henri Lefin : Un travail titanesque nous attendait car nous nous sommes aperçus qu’au fil des siècles, la charpente s’était aussi affaissée. La croix du transept pesait sur l’ensemble créant des déformations atteignant par endroit 50 cm de décalage.
Comment avez-vous procédé ?
Xavier Tonon : Une partie des éléments charpentés était emprisonnée dans la maçonnerie, il a fallu faire des greffons et traiter à la résine pour consolider les structures.
Henri Lefin : Nous avons utilisé des consoles en acier ancrées dans les murs pour reprendre les charges et déposer les pièces endommagées. Tout a été taillé sur place afin de s’adapter parfaitement à l’existant, recaler cette charpente et remettre en place des chevrons qui mesurent plus de 12m de long !
La partie couverture s’est-elle révélée plus simple ?
– Xavier Tonon : Nous avons demandé l’adoucissement des lignes de charpente, mais pas de tout remettre droit ! Ce qui complique le travail des couvreurs. Un calepinage précis a été réalisé pour garder les rangs continus d’ardoises, sachant que le même format 18*27 cm a été utilisé sur l’ensemble du chantier. Cela a nécessité une réflexion particulière pour le ch½ur, composé de 5 pans aux pentes inégales.
– Henri Lefin : Nous avons commencé par réaliser un relevé précis avec des points de référence et les différences d’inclinaison, car il suffit de 2 à 3° pour perdre la régularité des rangs ! Nous avons joué sur la taille des pureaux, variant de 9,5 à 11 cm. Cela se remarque peu d’en bas, mais la linéarité de la toiture est préservée.
Quel bilan ?
– Henri Lefin : Notre équipe composée de 4 à 7 personnes, présentes en continu sur le chantier a posé presque 150 000 ardoises. Les 2 400 m2 de couverture assurent désormais une protection durable de la charpente ancienne de la cathédrale. Notre travail a été soutenu par l’Architecte qui a montré une grande compréhension dans les difficultés rencontrées et dans la recherche de solutions pérennes et respectueuses.
– Xavier Tonon : Nous sommes très satisfaits du résultat, la toiture conserve ses dispositions d’origine et la trace des déformations. L’ardoise Cupa 4, l’ardoise Patrimoine met en valeur cet édifice emblématique liégeois. Les consolidations réalisées sont peu perceptibles alors qu’elles ont nécessité un travail et une réflexion considérables. Les interventions sur l’existant sont soignées, sensibles et discrètes : signes d’une grande maîtrise des savoir-faire.